Sur les livres Harry Potter


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  • Je me suis mis enfin aux livres Harry Potter. C’est le chomage intégral, la dèche intersidérale et je suis tombé sur les oeuvres complètes et comme j’en avais marre de l’inondation actuelle de l’information, vaut mieux se replonger dans un univers enfantin, magique où tout était un peu plus simple.

    Alors, concernant Harry Potter, vous avez deux camps aussi opposés que les juifs et les arabes. Ceux qui ont lu les livres et qui détestent cordialement les films et ceux qui s’habillent en magicien à la moindre occasion et qui veulent vivre une expérience romantique digne de la Coupe de Feu où une Hermione Granger de languit d’un roux prolo. Parce que fondamentalement, c’est ce qui a donné le charme d’Harry Potter à toute une génération d’enfants, ils ont connus les premiers amours via cet univers.

    J’en suis à la fin de la Coupe de feu et qu’est-ce que je peux en dire par rapport aux films ? Honnêtement, les adaptations sont assez fidèles, l’histoire est respecté dans les grandes lignes, même si je n’en suis qu’à la moitié. Il y a des lacunes et on le voit dès le premier épisode où les centaures apparaissent dans le livre alors que les films, ils apparaissent dans l’Ordre du Phoenix la première fois. Mais on n’est pas le massacre à la tronçonneuse du Seigneur des anneaux où Peter Jackson a fait un charcutage grandeur nature en dénaturant complètement l’univers de la Terre du milieu.

    Même si j’adore la trilogie, mais si vous lisez les livres de Tolkien, alors vous ne pouvez pas vous empêcher de dire : Jackson, je te retrouverais quoi qu’il m’en coute et j’aurais ta peau. Je n’ai pas eu cette impression avec les films de Harry Potter où on sent que J.K Rowling a eu la main sur le script et ce qu’il fallait garder ou non. On dit aussi que les livres sont plus sombres que les films, je ne vois pas plus de darkattitude démesurée. Il y a des morts dans la Coupe de feu que ce soit dans le livre ou dans le film. Il y a des scènes qui sont passés à la trappe comme celle de la résurrection de Voldemort où Queudevert est obligé de se couper un bras.

    Ce qu’on peut dire aussi est que Rowling a une écriture remarquable, malgré la complexité de l’univers et de l’atmosphère propre à chaque livre, chaque élément s’articule parfaitement et le fusil de Tchekov est utilisé de manière admirable. Il n’y a pas de manques ou de coupes nettes dans l’histoire où on se dit : Mais qu’est-ce que cela fiche là ? Sur le coté sombre, on sent aussi que le premier livre était destiné à un public de jeune adulte, mais les suivants sont paradoxalement plus enfantins. Même si cela change à partir de l’Ordre du Phoenix, mais je trouve que l’écriture est plus légère.

    C’est aussi facile à lire, la trilogie écrite de Tolkien est un bonheur de littérature, mais c’est un champ des mine pour les lecteurs novices. Il y a tellement de choses à ingurgiter qu’on s’y perd et l’écriture est ardue, dense et parfois chaotique. Rowling nous propose une écriture facile à digérer ce qui explique son succès commercial à la manière d’une Agatha Christie, vous buvez leurs livres comme un pichet d’eau fraiche en ayant traversé le désert.

    La Coupe de feu, pour moi, est où on voit beaucoup de parti pris dans le film, il y a énormément de choses qui sont passés à la trappe, mais je comprend la démarche. Ce sont des intrigues secondaires qui enrichissent le livre et qui permettent de le rallonger, mais ce n’est pas nécessaire à la trame principale. Pour éviter de faire un livre trop court où on parle surtout du tournois des 3 sorciers, Rowling a dû utiliser cet artifice, mais malgré le fait que cela met en valeur Hermione, on a toujours la technique de Tchekov où l’élément est utilisé plus tard.

    Cela concerne les elfes de maison qui sont une partie centrale de la Coupe de feu et qui n’apparaissent pas du tout dans le film. L’elfe de maison Tobby est uniquement présent dans la Chambre des secrets au cinéma, alors que dans le troisième opus, c’est Tobby qui donne la branchiflore à Harry pour qu’il puisse respirer sous l’eau contrairemment à Neville dans le film.

    Et surtout, le problème de l’esclavage de ces elfes occupe toute la première partie du livre avec Hermione qui veut les libérer en lançant le mouvement de libération. Elle n’y arrive pas parce que les elfes sont habitués à l’esclavage et ils ont une sainte horreur de la liberté. Je trouve que c’est extrêmement intéressant et la Coupe de Feu est aussi sous le signe de la tolérance.

    Hagrid nous est révélé comme un demi-géant et les géants ont la réputation d’être épouvantables en plus d’être des alliés naturels de Voldemort. L’idylle entre Hagrid et Madame Maxime, la responsable de Beauxbatons, dans le film se passe différemment dans le livre. Cette femme comme toute l’école de Beauxbatons, est dépeinte comme des français arrogants et supérieurs, crache à la figure de Hagrid quand celui-ci lui dit qu’elle est également une demi-géante vu sa taille titanesque. Dans le film, on nous montre une romance très belle, la réalité est toute autre. Sans oublier la relation entre Viktor Krum, Hermione et Harry Potter. Krum semble être épris d’Hermione et il y a toute une scène de confrontation entre Harry et Krum qui n’apparaissent pas dans le film.

    Et si on avait intégré tous ces éléments, la Coupe de feu aurait fait 4 heures. Donc, l’adaptation s’est contenté d’aller à l’essentiel. Mais ces elfes de maison dont on nous dénonce l’esclavage dans la première partie, censé être une intrigue secondaire, se révèle primordiale dans l’affaire de Croupton et de son fils qui avait usurpé la place de Maugrey Fol-Oeil.

    Une seconde elfe de maison, Winky, qui était au service de Croupton, sera très importante dans la narration, car elle est souvent derrière les mauvais coups même si elle n’était pas forcément malveillante. L’obéissance à son maitre était telle qu’elle l’a accompagné dans tous ses mauvais coups. La personnalité de Croupton est beaucoup plus aboutie dans le livre avec quelqu’un qui déteste tellement les Mangemorts qu’il devient aussi cruel qu’eux quand Voldemort est vaincu la première fois.

    L’histoire de Croupton avec sa femme et son fils est beaucoup plus développée, comment le fils s’est échappé d’Azkaban avec la potion de Polynectar avec sa mère qui a pris sa place. On se rend compte que c’était elle qui était la vraie adapte de Voldemort.

    La place de Neville est tout aussi importante. Ainsi, son histoire est aussi dramatique que celle de Harry Potter, car ses parents ont été torturé jusqu’à la folie par le sortilège Doloris. Dans le film, on nous le montre simplement comme un joli coeur. C’est à dire que dans le film de l’Ordre du Phoenix, quand Neville prend une place importante, on sent le charcutage, car on ignore comme ce personnage lourdeau se retrouve au premier plan.

    Il y a des détails qu’on aurait aimé savoir et cela n’aurait pas rallongé le film. Qu’un chant du coq peut tuer le Basilic ce qui donne un contraste désopilant puisque qu’une créature vieille de 3000 ans peut être tué par un chant qui est aussi commun que le vent qui souffle. Que les plumes du phoenix qui ont composé les baguettes de Voldemort et de Harry viennent toutes les deux de Fumsteck, le phoenix de Dumbledore.

    L’Ordre du Phoenix est l’opus que je préfère le moins, car c’est le plus déprimant. Et comme avec les autres opus comparés aux films, il y a des choses qui passent à la trappe. En fait, dans toute la trame de Harry Potter, c’est surtout les personnages qui ne sont pas développés dans le film. Ainsi, on apprend la hantise de Mrs Wisley sur la mort de ses fils quand elle voit un épouvantard, les elfes de maison restent prédominants dans l’histoire et on aborde aussi la pauvreté des Wisley, quelque chose qui a été délicatement mis sous le tapis dans le film.

    La Coupe de Feu racontait la tolérance envers les autres races et l’Ordre du Phoenix aborde deux thématiques, la bureaucratie et la colère refoulée. Dès le début de l’opus, on nous montre un Harry hargneux, teigneux qu’on laisse de coté et sent monter la haine en lui. Pendant que les autres participent à de grandes choses. Que Ron et Hermione soient nommés préfets alors que lui, reste un élève lambda, ne fait qu’augmenter sa colère. Sous prétexte qu’il est instable et dangereux.

    Une troisième thématique sous-jacente de l’Ordre du Phoenix est le mythe de la méritocratie. Ce n’est pas parce que vous avez fait tous les efforts possibles que vous serez récompensés, en fait, c’est même le contraire. Harry a tout fait depuis le début, trouver la pierre philosophale, affronter le Basilic et il a même combattu Voldemort dans la Coupe de Feu et on le traite comme un petit garçon. Même si cette colère sourde est exprimée dans le film, c’est très léger alors que dans le livre, il a la haine contre tout le monde.

    La bureaucratie et sa lâcheté pathologique est clairement le fil conducteur de l’Ordre du Phoenix. Des gens qui refusent la réalité de la destruction du monde, des gens sans aucun talent et assoiffés de pouvoir. Le parallèle avec la société actuelle est frappant. Le respect des normes passe avant tout et si cette norme est contraire à la réalité, alors la réalité doit s’effacer par magie. Et cette bureaucratie devient malveillante par sa folie, illustrée parfaitement par les punitions de torture que fait subir Dolorès Ombrage à Harry. On retrouve le pouvoir des petits mecs qui veulent faire payer ceux qui sont les élus et les êtres supérieurs innés de nature.

    L’Ordre du Phoenix montre aussi la famille Black qui sont des vrais partisans des sangs purs et de l’épuration des déviants. Comme avec Tolkien, Rowling revient sur le nazisme et son obsession de supprimer tout ce qui est inférieur ou parait l’être. Ce qui est hypocrite est que nazisme ou pas, beaucoup de gens pensent désormais comme ça, même si c’est tout bas et cela rejoint la lâcheté qu’on disait tout à l’heure.

    Quand on lit Harry Potter après le Coupe de Feu, alors on se rend compte que les divergences sont plus marquantes. Même si les adaptations cinés ont essayé de rattraper les wagons, le problème est que quand vous omettez certaines parties et que vous avez une auteur qui utilise constamment le fusil de Tchekov, alors vous avez dû mal à connecter les branchements tout simplement parce que dans votre adaptation cinée, un des branchements n’existent.

    Le Prince de Sang-Mêlé parle beaucoup de Voldemort, de son passé, ce qui l’a fait pété un cable, de sa haine contre les moldus. Alors que dans le film, on voit simplement Dumbledore qui lui rend visite à son orphelinat. Mais il y a bien eu des choses avant. Voldemort retourne dans son ancienne maison, retrouve des objets importants qui deviendront ses Horcruxes comme la bague que Dumbledore va détruire en y laissant sa main, le médaillon dans la caverne ou encore la coupe.

    Ce prince de sang-mêlé nous propose aussi une plongée de plus en plus progressive de Harry dans l’enfer de la solitude. Alors que j’arrive à terme de cette oeuvre, je me rend compte que cela n’a jamais été des “livres pour enfants”. Toutes les thématiques sont adultes et parlent des relations humaines dans des conditions de stress. Le cinéma en a fait des films pour enfant, mais les drames narratifs de chacun des personnages est souvent insupportable pour les petites têtes blondes ou autre.

    Le film en deux parties des Reliques de la mort m’avait laissé la plus grand faim, car il y a beaucoup de branchements qui manquent, car on ne les a pas développé dans les précédents films. Et si ce opus parle de la course pour trouver les Horcruxes, d’assister au règne de Voldemort, mais aussi à la grande dispute entre Harry, Ron et Hermione, car ces deux derniers se sont aperçus que Harry est parti à l’aventure sans aucun plan, car Dumbledore voulait que ce soit une quête aussi difficile que possible, on parle aussi juste beaucoup de Dumbledore.

    Que ce n’était pas le vieux barbu tout gentil que ça. Qu’il a été ami avec Grindelwald, personnage qui sera central dans les Animaux Fantastiques, que les deux voulaient dominer les moldus pour le “grand bien de tous” et que son comportement avec sa soeur et sa mère ont été tout sauf correct et digne du personnage qu’il montrait au monde. Même si tout cela s’était passé dans sa jeunesse, cet arc narratif, totalement occulté dans les films, va hanter Harry qui se dit s’il a parié sur le mauvais cheval.La tolérance envers les autres espèces est un fil conducteur dans toute la saga. Cela commence déjà avec la Coupe de feu vis à vis des elfes de maison, ensuite avec Hagrid et dans les reliques de la mort, on a le rapport conflictuel entre les sorciers et les gobelins. Et en filigrane, on se rend compte que beaucoup de sorciers sont un peu suprématistes, considérant leur pouvoir et leur rang supérieur et reniant certains droits ou l’utilisation des baguettes à d’autres espèces. Et on parle quand même de livres qui ont plus de 20 ans, donc Rowling était déjà très proche des idées de gauche et pourtant, on l’accuse d’être transphobe, décidément, l’Occident n’a pas fini de dégénérer en détruisant ses meilleurs auteurs parce qu’ils ne sont pas capables de faire le millième de ce qu’ils ont fait.

    La mort est très présente dans le dernier opus. La mort d’Edwige, de Dobby ou encore de Maugrey Fol-oeil.

    Houssen Moshinaly

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