Les aventures d’Arthur Gordon Pynn, ancêtre des Montagnes Hallucinées ?


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  • Les aventures d’Arthur Gordon Pynn d’Edgar Allan Poe est un monument dans l’histoire de cet auteur génial, mais le lien avec les montagnes hallucinées est ténu pour ne pas dire que ce sont deux oeuvres très différentes.


    Et pourtant, quand on lit les Montagnes Hallucinées ou d’autres nouvelles de Lovecraft, ce dernier cite souvent Poe et son étrange Gordon Pynn. Poe et Lovecraft partagent le même destin tragique à quasiment un siècle d’intervalles. Les deux sont des auteurs maudits, incompris par la bêtise et le puritanisme de la société américaine, Lovecraft a façonné une grande partie de l’imaginaire populaire de l’horreur et pourtant, c’est un auteur qui n’a jamais été publié de son vivant, quand à Poe, il a vécu entre la pauvreté extrême et son alcoolisme qui le conduira à sa mort à 40 ans.

    Sa mère, que Baudelaire dira, que c’était un ange incarné en femme, qui portera sans relâche les papiers et les histoires de Poe pour les vendre “pour avoir des sous pour son petit”. Poe sur qui, les critiques littéraires et les journalistes vont dégueuler après sa mort. En fait, Lovecraft et Poe n’auraient jamais existé, on ne les aurait jamais connus s’il n’y avait pas eu des Français pour les traduire et faire connaitre au monde, à l’Amérique en premier, à quel point ce sont des cons patentés pour ne pas reconnaitre le génie à l’état pur. Baudelaire, dans le cas de Lovecraft, qui va se battre d’arrache-pied pour faire connaitre Poe au public français via son fameux “je voudrais vous introduire un génie comme vous n’en avez jamais connu” et Jacques Bergier, connu pour son Matin des magiciens et qui va utiliser sa notoriété pour découvrir cet auteur totalement dingue par sa prose, sa mythologie et sa culture, un petit homme avec un visage sec appelé Lovecraft.

    Edgar Allan Poe est surtout connu pour ses histoires courtes, car il considérait, même s’il le disait surtout pour ses poèmes, qu’une oeuvre ne doit pas se manger en plusieurs fois, il faut l’avaler d’un coup. Dans sa technique de composition où il nous apprend à rédiger un poème, il nous dit que le plus important est de provoquer l’effet chez le lecteur, quel est l’effet que vous voulez provoquer et une fois que vous le connaissez, vous pouvez même écrire l’histoire à l’envers. Ses nouvelles courtes, comme les Histoires Grotesques et Absurdes ou ses Histoires Extraordinaires, montre le génie de Poe quel que soit le style littéraire qu’il choisit et dans ce sens, je le considère supérieur à Lovecraft. Lovecraft est très bon dans son domaine, c’est un style qu’il a inventé, mais Poe est un génie sur les poèmes, son Eurêka où il développe sa métaphysique est une gorgée d’eau fraiche pour nos gosiers asséchés, ses descriptions enchanteresses de ses paysages magnifiques où il consacre l’art du jardin-paysage ou même ses histoires d’horreur où ce sont les seules où j’ai senti un style Lovecraftien.

    Car oui, les Compagnons de Lovecraft ont copié le style du maitre, ont étendu ce mythe, mais je n’ai jamais senti cette vibration lovecraftienne où dès les premières phases, vous savez que vous lisez du Lovecraft, car chaque mot, chaque lettre, chaque ponctuation a été réfléchie, contrairement à ce qu’on pense, Lovecraft n’était pas un auteur échevelé qui écrivait sous le coup d’un délire soudain, je me souviens encore des conseils qu’il donnait à des écrivains en herbe, c’était quelqu’un d’une logique implacable, d’une rationalité absolue où chaque passage ou phrase est travaillé et poli jusqu’à l’extrême pour en faire le diamant de lecture pour nos yeux. Mais quand vous lisez les histoires d’horreur de Poe sur le magnétisme, quelque chose qui l’obsédait énormément, car il maitrisait tellement toutes les matières que seule la métaphysique avait de l’attrait pour lui sans l’ennuyer profondément, vous comprenez l’épouvante de l’histoire à la toute fin et vous êtes pris par les tripes par ce qui risque de passer, car Poe est le maitre qui a inventé le concept de tenir le lecteur en suspens. Lovecraft s’en inspirera énormément puisque pour Poe, vous devez accrocher le lecteur avec la première phrase comme : “J’ai mis deux balles dans la tête de mon frère, mais je vais vous prouver que ce n’est pas un meurtre.”

    Cependant, je suis perdu devant les histoires policières de Poe, car il va tellement dans les détails et les exercices de déduction que l’histoire perd son attrait. Vous passez son temps à comprendre juste ce qu’il essait de dire, mais Arthur Gordon Pynn est un monument, un livre où Poe livre toute sa quintessence, tout son génie dans ces quelques centaines de pages. Mais de quoi ça parle et est-ce que c’est un préambule aux montagnes hallucinées ?

    Que ce soit à l’époque de Poe ou de Lovecraft, l’Antarctique était un continent inconnu, largement inexploré ce qui laissait libre court à l’imagination débordante pour y voir des mondes inconnus ou même des secrets enfouis. Et non, ce n’est pas une extension à proprement parler pour les Montagnes Hallucinées, Lovecraft essait simplement d’imaginer ce qu’il y a après le visage blanc de géant humain qui est la dernière phrase de l’épopée d’Arthur Gordon Pynn quand il touche ces confins inexplorées de l’Antartique. Le roman se divise en quatre parties et son thème principal est la survie, une survie extrême avec une description agonisante de la soif et de la faim qui fait écho à la propre pauvreté de Poe qui en souffrira toute sa vie. On est pris par les entrailles face à ces descriptions où les hommes agonisent et meurent à petit feu en arrivant même jusqu’aux dernières extrémités.

    La première partie nous présente Arthur Gordon Pynn et son ami Auguste Barnard, les deux rêvent de voyages lointains en mer, mais Gordon Pynn espère un héritage riche de son aïeul, mais ce dernier, étant très conservateur, pourrait le déshériter si Arthur prenait la mer. L’introduction à cette première partie nous montre déjà le génie de Poe, car une nuit lors d’une soirée, les deux amis étaient passablement ivres. S’affalant sur le lit, Auguste s’éveilla brusquement quelques heures plus tard et déclara qu’avec une telle brise, ce serait un crime de rester allongé sur le lit. Il se précipite vers un canot suivi par Arthur et même si Auguste semble savoir ce qu’il fait, ce n’est qu’en étant en pleine mer qu’Arthur se rend compte que son ami est totalement défoncé et qu’il ne sait pas du tout ce qu’il fait, avoir un capitaine ivre dans une mer déchainée, ce n’est pas jamais bon pour qui que soit. Ils arrivent à s’en sortir, mais cette introduction nous montre la puissance de Poe à développer une situation avec des issues qui nous surprennent à chaque fois.

    Par la suite, le père d’Auguste, qui était capitaine et quelques mois plus tard, il organisa une expédition en utilisant un navire le Grampus pour chasser la baleine dans le sud. Les parents d’Arthur ne seraient pas surement d’accord et son aieul encore moins et Arthur décide de se cacher dans le navire, son ami Auguste serait à bord et une fois que le navire se serait suffisamment éloigné, Auguste le sortirait et son père, qui commandait le navire, ne pourrait pas faire marche arrière. Ils décidèrent d’aménager une cachette dans la soute du navire avec des provisions pour trois ou quatre jours. Sauf que cela ne se passe pas comme prévu, Arthur s’endort dans un espèce de sommeil comateux, favorisé par l’huile de poisson qui se trouve dans la cale et il se passe plusieurs jours avant qu’il ne se réveille entièrement. Comme les provisions étaient limités, Poe nous dessine déjà le thème principal de son histoire, l’agonie de la faim et de la soif, on voit Arthur qui se démène avec de la viande pourrie, les restes d’eau et il ne comprend pas pourquoi Auguste ne vient pas le chercher. Pendant son enfermement à la cale, on a aussi un développement avec son chien qui était enfermé avec lui et qui s’appelait Tigre, à cause des privations, ce chien était atteint de la rage et Arthur a un mal de chien pour le contrôler. C’est ensuite qu’au bout quasiment d’une semaine, qu’il entend Auguste, au dessus, lui chuchoter de ne pas faire de bruit.

    La seconde partie du livre nous raconte que les marins s’étaient mutinés et avaient pris le contrôle du navire. Le chef des mutins était le second et Poe nous décrit une véritable boucherie, similaire aux Révoltés du Bounty, on amenait les hommes un par un et le Coq, donc le cuisinier leur fendait le crane avec une hache et jetait leur corps à la mer. Sur tout l’équipage, il n’y avait eu que quatre survivant incluant Auguste et on avait aussi ceux qui s’étaient joint au second. Parmi les mutinés, il y avait un personnage qui deviendra important et qui est Dirk Peters, un homme quasiment nain, mais doté d’une stature colossale, très musclé et résistant. La description de Poe de ce personnage est assez effrayante :

    Quant à ce Peters, c’était un des hommes de l’aspect le plus féroce que j’aie jamais vus. Il était de petite taille et n’avait pas plus de quatre pieds huit pouces de haut, mais ses membres étaient coulés dans un moule herculéen. Ses mains surtout étaient si monstrueusement épaisses et larges, qu’elles avaient à peine conservé une forme humaine. Ses bras, comme ses jambes, étaient arqués de la façon la plus singulière et ne semblaient doués d’aucune flexibilité. Sa tête était également difforme, d’une grosseur prodigieuse, avec une dentelure au sommet, comme chez beaucoup de nègres, et entièrement chauve.

    Le capitaine et quelques autres survivants furent envoyés à la dérive dans un canot avec quelques biscuits et une cruche d’eau, autant dire que c’est une condamnation à mort lente, de nouveau, Poe nous fait imaginer cette agonie que seuls les plus pauvres peuvent connaitre dans un monde d’abondance. Au bout d’un certain temps, Arthur pourra sortir de sa cachette avec l’aide d’Auguste et malgré l’aspect repoussant de Peters, ce dernier va aussi l’accepter. Car au sein des mutins, il y a désormais deux factions, la première menée par le Coq qui veut de devenir des pirates et l’autre, mené par le Second, qui veut attaquer un certain navire venant du Cap-Vert. Peters voudrait aussi continuer le voyage comme prévu, c’est à dire aller vers le sud pour chasser la baleine. Le navire va être pris dans plusieurs tempêtes et Poe était vraiment un écrivain de la mer, car dans de nombreuses histoires, il fait référence à la mer et aux tempêtes ainsi qu’aux navires fantomes. Sa nouvelle, le Maelstrom, est un monument du genre et a contribué à l’idée sauvage qu’on en fait de ce tourbillon maritime. Peters, Auguste et Arthur formaient désormais un trio et ils décidèrent de prendre le contrôle du navire en sachant que le Coq tuait progressivement ceux qui étaient avec le second. On va voir un développement assez génial de Poe où ils vont mettre un faux revenant en scène pour effrayer l’équipage du Coq et en profiter pour prendre le contrôle du navire. Ils vont y arriver, mais Poe ne nous laisse pas le temps de respirer et une seconde tempête frappe le navire qui le met en morceaux, la partie où sont stockés les vivres est submergée et les survivants, au nombre de quatre, Arthur, Peters, Auguste et un quatrième marin, appelé Parker.

    C’est à partir de là que commence la troisième partie du livre, qui est aussi la plus longue et la plus centrale. Poe est un écrivain qui aime prendre son temps pour développer chaque aspect de son intrigue et cette obsession du détail le dessert, selon mon opinion, dans ses histoires policières, où on décortique les déductions plutôt que l’intrigue principale. Les quatre vont essayer de survivre vaille que vaille avec un courage et un désespoir comme on a rarement vu. Poe se fait un malin plaisir de stratifier chaque phase de l’agonie, surtout la soif qui est très détaillée et encore une fois, on ne peut pas s’empêcher d’y voir du vécu, notamment la soif légendaire insatiable des alcooliques, chaque goutte d’eau est conservée, la pluie ne les aide pas forcément, car ils n’ont pas de quoi la recueillir. Quand ils trouvent une cruche d’eau, c’est la délivrance et ils la boivent jusqu’à ce qu’elle devienne saumatre avec des vers qui commencent à apparaitre. Et dans cet épisode agonisante, Poe nous sort magistralement son thème récurrent du navire fantome qu’il utilise souvent dans ces histoires. Au bout de plusieurs jours d’agonie, les survivants, qui peuvent à peine bouger, voient un brick de style hollandais au loin, quasiment sautant de joie, ils laissèrent le navire s’approcher, à portée de vue, ils virent trois hommes, deux hommes qui semblaient couchés sur une espèce de toile et le troisième qui était debout, un homme noir et il faut lire la description littérale de cet homme pour comprendre le génie de Poe :

    Ce dernier était un homme grand et vigoureux, avec la peau très noire. Il semblait, par ses gestes, nous encourager à prendre patience, nous saluant joyeusement de la tête, mais d’une manière qui ne laissait pas que d’être bizarre, et souriant constamment, comme pour déployer une rangée de dents blanches très brillantes. Comme le navire se rapprochait, nous vîmes son bonnet de laine rouge tomber de sa tête dans l’eau ; mais il n’y prit pas garde, continuant toujours ses sourires et ses gestes baroques.

    C’est lorsque le navire fut à portée de leur odorat qu’ils comprirent l’horreur de la situation, le navire semblait foncer droit sur eux et au dernier moment, il fit une embardée et les survivants suffoquèrent par l’abominable puanteur qui se dégageait du navire et ils virent ce spectacle atroce de 25 ou 30 cadavres gisant sur le pont, tous morts ! Et malgré ces morts, les survivants étaient tellement désespérés qu’ils appelèrent ces morts à leurs secours selon les mots de Poe. Et cet homme noir debout ? C’était aussi un cadavre, mais qui était bloqué sur le beaupré (un sorte de mat) de sorte qu’il semblait debout et sur sa poitrine, on voyait un énorme trou béant dans lequel une mouette dévorait copieusement ce marin qui était mort depuis des jours. Arthur avait semblé voir un sourire sur le visage du noir qui s’approchait, en fait, c’est parce que le visage avait été dévoré et que les dents étaient entièrement découvertes ! Et ce sont les mouvements du navire qui le faisaient bouger, donnant une impression de vie. C’est pour ça que Edgar Allan Poe surpasse même Lovecraft dans sa description de l’horreur, car il arrive tellement à surprendre le lecteur qu’on est constamment horrifié, un génie à l’état pur ! Des années plus tard, Arthur réfléchira à ce qui est arrivé aux hommes de ce navire et il concluera qu’ils étaient tous morts de la fièvre jaune, vu par l’aspect safrané de nombreux de ces corps. Il se pourrait qu’un poisson toxique et ou avarié ait contaminé toute la nourriture et la manière dont ils sont morts est soudaine et très rapide. Encore une fois, Poe est le créateur d’un des mythes les plus populaires des navires fantomes qui est le Hollandais Volant, car dans une autre histoire liée à la mer qui est le Manuscrit trouvé dans une bouteille où au sommet d’une énorme vague, on voit un gigantesque vaisseau fantome de style hollandais qui semble voler au dessus de la mer. Après cet épisode horrifique, les survivants retombent dans une torpeur proche du coma, ils ont abandonné tout espérance. Cependant, Poe va encore faire monter la sauce dans la phase suivante.

    La famine et la soif sont tels que les quatre vont arriver à la dernière extrémité de la survie humaine, le cannibalisme. Mais avant ça, Poe va aussi détailler l’alcoolisme à jeûn, toujours le vécu de sa propre expérience, car dans leur tentative de plonger dans la partie submergée pour trouver de la nourriture, ils vont trouver une bouteille de porto, Auguste et Parker vont la boire, Arthur va se refréner et ils vont tomber dans un délire qui va durer plusieurs jours, tantôt sautant de joie, tantot hurlant comme des forcenés, la description d’un alcoolique dément est parfaite jusqu’au bout des ongles, montrant la tragique expérience de l’écrivain avec ces états qui l’ont accompagné de sa jeunesse à sa mort. Dans cette phase de folie, ils aperçurent un autre navire, de nouveau fous de joie, mais méfiants, ils virent que c’est un vrai navire avec des hommes vivants à bord, mais au bout d’un moment, le navire vira de bord, il ne les avait pas vus, de nouveau, Poe fait monter et descendre la tension de ses personnages comme une fusée qui s’élève dans le ciel et qui retombe en flammes, la maitrise de l’écriture des émotions humaines par Poe est remarquable dans sa dramaturgie, son réalisme et on sent littéralement le suintement de la folie qui imprègne ces hommes. C’est ensuite que Parker, le quatrième survivant, se tourne subitement vers Arthur en disant qu’il fallait que l’un d’entre eux se sacrifie pour que les autres puissent vivre. Arthur, choqué par une telle abomination, s’empresse de le dire aux autres, espérant dissuader Parker, mais Peters et Auguste y pensaient déjà depuis longtemps. Après énormément de récrimination, d’insultes, et même de bagarres, Arthur va accepter ce cannibalisme parce que la majorité était contre lui. Ils vont tirer à la courte paille et ce sera Parkers qui sera le sacrifié, ironie puisque c’est lui qui avait proposé l’idée.

    Poe ne s’étend pas sur les scènes de cannibalisme, mais juste qu’ils le découpèrent en morceau, jetèrent les organes et autres éléments non cosmestibles et gardèrent la viande. Ils gardèrent cette dernière aussi longtemps que possible, quasiment deux semaines, mais de nouveau, le problème se posa, surtout la soif qui était insoluble, la misérable eau de pluie ne suffisait plus du tout. Au cours de ces semaines, c’est le tour d’Auguste de mourir, il était atteint par la gangrène, il avait tenu bon malgré toute l’horreur de cette aventure, le début du voyage, la mutinerie, l’abandon de son père au large par les gredins, la reprise du navire, la tempête, le navire fantome, le cannibalisme, mais à la fin, la mangeuse de chair avait eu sa peau. C’est finalement le 7 aout qu’un autre navire va les apercevoir et les sauver, le 7 aout, soit quasiment 3 mois puisque le Brick Grampus avait pris la mort le 20 juin, c’était le Jane Guy, commandé par le capitaine Guy, qui était venu chasser le veau marin dans les mers du Sud.

    C’est ensuite que commence la quatrième partie d’Arthur Gordon Pynn. Ils furent recueillis, bien traités, repus et rassasiés comme il se doit, Arthur raconte comme son esprit et celui de Peters furent prompts à oublier toute l’horreur qu’ils avaient traversés, l’esprit humain est toujours doué pour ce genre de choses pour éviter de basculer dans la folie. Le trajet fut assez tranquille même s’ils croisèrent un ouragan du coté du Cap de Bonne-Espérance. Ils débarquent finalement sur la Baie de l’Oiseau qui fait partie du groupe d’île de Kerguelen qu’on connait aussi comme les îles Marshall qui se trouvent au nord-est de l’Australie, le seul port habitable et un peu correct s’appelait Port-Chrismas. Ils y passèrent quelques semaines et Poe, comme à son habitude de digression, va faire un topo complet sur la faune et la flore de ces îles, notamment les albatros et les pingouins, notamment leur méthode de nidification qui est d’une géométrie parfaite. Peters et Arthur vont aussi chasser le veau marin (qui est l’ancien nom du requin-taupe), qui était quand même le but de leur voyage à la base. Après ce séjour, le navire et l’équipage incluant nos deux compères partirent vers les îles Tristan d’Acunha situé aux delà des quarantièmes rugissants. Ils explorèrent toute la région, puis ils décident de partir vers des îles introuvables, surnommés les Auroras par certains, d’autres cependant ne les ont jamais trouvés. Ces îles seraient situés entre la Géorgie du Sud et les Malouines et en réalité, ce seraient les Shag Rocks en Géorgie du Sud, qui fait partie du territoire britannique d’Outre-Mer. Le Capitaine Guy décide de les explorer, mais sans résultat de ces Auroras. Mais quand il était à Tristan d’Acunha, il entend parler de petits îlots toujours vers le sud, vers le pole Sud. Il semble bien que le capitaine avait l’intention d’explorer le pôle si le temps le permettait. Poe prend le temps de résumer l’exploration vers le pole Sud dont une grande partie était inexplorée. On a le voyage du capitaine Cook, les Russes avaient aussi envoyé une expédition, amis également les anglais et les américains. Tous essayait de pousser au delà de 70,14 degrés latitude sud, car l’un des explorateurs avaient vu trois petites îles au loin sans pouvoir les atteindre. Les autres expéditions disaient les mêmes choses étranges que plus on poussait vers le sud, plus la glace se raréfiait et que la température commençait à monter. Ces explorateurs disaient également que si on regardait au loin vers l’extrême sud, on voyait de la terre non recouverte de glace et les montagnes les plus élevées qu’ils avaient jamais vu. Cela va sans doute donner du grain à moudre pour Lovecraft pour ses fameuses montagnes hallucinées. L’une des dernières coordonnées donnés par Poe est 81.21 de degrés latitude sud et 42 degrés longitude Est et si on regarde sur une carte, alors on arrive en plein milieu de l’Antarctique, bien profond dans les terres de glace. Après ce point, l’équipage va faire une rencontre étrange, sous la forme d’un ours polaire, mais étant l’un des plus grands spécimens qu’ils aient jamais vu. Quand ils lui tirèrent dessus, la balle sembla ricocher sur sa peau et ils faillirent tous y passer sans le réflexe de Peters de se jeter sur le cou de l’animal et de lui enfoncer un couteau dans la gorge.

    Après cette rencontre, ils trouvèrent un petit ilot que Poe situe à 82.50 degrés latitude Sud et 42.20 degrés latitude Est qui se trouve toujours en plein Antarctique si on regarde une vraie carte. L’îlot ne leur révéla rien de particulier à part des genres de sculptures qui leur faisait penser à des tortues géantes. Ils décidèrent de pousser encore plus vers le sud, même si le capitaine, qui n’était pas un vrai meneur d’hommes, s’inquiétait des privations sur son équipage, des signes de scorbut commençaient à apparaitre, mais Arthur le convainc de continuer pour être le premier équipage à résoudre le mystère de l’Antarctique. Ils se rendent compte que le temps est plus clément et que la température avoisine les 23 degrés Celsius qui est très chaud pour cette partie du pôle. Et dans cette quatrième partie, Poe développe une sous-intrigue au 83.20 degrés de latitude et 43.5 ouest qui est bien profond dans l’Antarctique, puisqu’ils trouvent une nouvelle terre. Un groupe d’île et l’île principale semblait avoir de la végétation, ils trouvèrent une crique, mais au moment de débarquer, ils virent quatre canots qui s’avançaient, remplis d’hommes étranges, le capitaine brandit un mouchoir blanc et à sa vue, les hommes crièrent Anamoomoo et Lama-Lama. Même s’ils étaient méfiants, l’équipage consentit à accueillir les membres d’un des canots à bord où il y avait le chef qui s’appelle Too-wit (qui signifie “trop intelligent” ou “trop d’esprit”), les sauvages visitèrent le navire de fond en comble, c’est la première fois qu’ils voyaient des européens, ils observèrent partout, regardant même les armes, mais ne comprenant pas leur fonctionnement. Après des gestes pour se faire comprendre, les sauvages leur apprirent qu’il n’y avait des tortues des Galapagos sur l’île ainsi que des biches de mer qui est l’ancien nom du concombre de mer. Arthur estimait que le temps était trop clément et qu’il fallait en profiter pour aller encore vers le sud, le capitaine voulait explorer ces îles et on décida qu’ils ne resteraient pas plus d’une semaine.

    Too-wit les invita à visiter l’île, non sans être armée, une partie de l’équipage accepta et ils s’apercurent que l’île avec une végétation, une géologie totalement différente. Tout semblait plus étrange, plus exagéré, mais c’est surtout l’eau qui les surprit, rien à voir avec de l’eau habituelle. Poe nous la décrit comme :

    En puisant de cette eau plein un bassin quelconque, et en la laissant se rasseoir et prendre son niveau, nous remarquions que toute la masse de liquide était faite d’un certain nombre de veines distinctes, chacune d’une couleur particulière ; que ces veines ne se mêlaient pas ; et que leur cohésion était parfaite relativement aux molécules dont elles étaient formées, et imparfaite relativement aux veines voisines.

    Ils arrivèrent au village qui s’appelait Klock-Klock et les cabanes étaient très rustiques, fait avec des tronc d’arbres et des feuillages, la faune et la flore étaient assez diversifiées, mais toujours étranges, avec des variantes du cochon, de la volaille et beaucoup de poissons. Après des palabres et un repas, à base de viande crue, que l’équipage refusa de toucher, ils arrivèrent à se faire comprendre qu’ils cherchaient où se trouvaient les biches de mer. Après bien des dialogues et des borborygmes, le chef comprit et les amena à une partie de l’île où les hommes n’avaient jamais vu autant de biches de mer de toute leur vie. Ils trouvèrent un accord avec les sauvages pour des chargements de biches de mer et de tortues. Et à aucun moment, les sauvages ont montré des signes d’hostilités. On lit également que l’équipage a arnaqué les sauvages, car en échange de leurs précieuses ressources naturelles, les blancs ne leur donnaient que de la verroterie. Après plusieurs jours de séjour, le capitaine estima qu’on pouvait construire quelques batiments sur cette île, vu la quantité considérable de ces biches de mer, les préparer sur place en s’aidant des sauvages, un genre de comptoir colonial avec en échange de la verroterie ou d’autres objets que voudraient les habitants de l’île. De cette manière, le navire pourrait continuer vers le sud et revenir par la suite avec un chargement prêt.

    Ensuite, Poe détaille la préparation de la biche de mer et c’était une aubaine d’avoir trouvé ce filon, car c’est une ressource qui est très prisé par les chinois. L’équipage construisent les batiments, mais avant de partir, le chef des sauvages leur avait fait promettre une dernière visite au village. Comme il n’y avait pas eu le moindre problème, ils décidèrent d’y aller, mais ils restaient prudents, ils laissèrent donc quelques hommes sur le navire et ils s’armèrent également pour se rendre au village. Sur le chemin, ils devaient traverser une gorge assez étroite que seul un homme pouvait passer et les sauvages avaient fait en sorte que les blancs soient pris en sandwich, ils ouvraient et fermaient la marche. Arthur et Peters, en s’engageant dans cette gorge, virent des fentes où poussait des arbustes de noisettes, mais au moment, ils entendirent la terre trembler et tout le passage de la gorge subit un éboulement. Seuls Arthur et Peters survécurent, ils se retrouvent dans une cavité et ils décidèrent de se frayer un chemin par les décombres, heureusement, la terre de cette gorge était assez friable. Ils se retrouvèrent à la sortie, quasiment au sommet de la gorge et ils comprirent que c’était un vrai traquenard que les sauvages les avaient tendus, un plan bien préparé depuis des semaines, en fait, les sauvages voulaient les zigouiller dès leur première rencontre, mais ils étaient assez intelligents pour comprendre que la puissance de feu n’était pas à leur avantage. Donc, ils ont endormis la confiance et ils ont préparé le piège qui consistait en des poteaux attachés par des vignes sur le bas de la gorge et de créer des effets de levier pour faire s’effondrer la partie supérieure.

    Autour d’eux, l’île est rempli de sauvages, ils ont même appelé des renforts des autres îles voisines. Et nos deux compères voient également que le chef s’apprête à lancer l’abordage de leur navire. Près 60 canots étaient prêts, préparant l’attaque par le sud et le nord. Les 6 hommes restants ne feraient pas le poids bien longtemps et même s’ils comprirent l’imminence de l’attaque, ils ne purent résister bien longtemps. Une première salve de canon passa au dessus de la tête des sauvages, la seconde, en revanche, balaya totalement une dizaine de canots avec des sauvages mis en pièces. Mais de l’autre coté, ils avaient eu le temps de se remettre de la frayeur du coup manqué et ils abordèrent rapidement le navire, tuèrent les 6 hommes et se mirent à détruire le Jane Guy de la manière la plus terrible possible. Arthur et Peters s’aménagèrent une cachette non loin de la gorge où ils s’étaient échappés, de nouveau Poe parle de leur soif et on sent c’est que c’est quelque qui l’a martyrisé toute sa vie. Le navire était en proie aux flammes et pendant plusieurs heures, les sauvages détruisirent tout ce qu’ils purent, mais la soute était encore intacte, désormais, il y avait plus de 10 000 sauvages qui entouraient le navire. Mais soudain, la flamme atteint la soute et enflamma la poudre à canon, une formidable explosion se produisit tuant plus de 1000 sauvages d’un coup et blessant 1000 autres, les débris étaient comme des balles de fusil qui mutilaient tout sur leur passage. La stupeur et l’effroi furent totales chez les noirs, mais étrangement, ils sont devenus excités comme jamais et ils se mirent à crier Tekeli-li.

    On vit qu’au milieu des débris, les sauvages survivants ramenaient quelque chose de blanc et de grand sur le rivage. C’était un animal étrange que le navire avait recueilli lorsqu’il avait commencé son voyage vers le sud et que la température était plus clémente. Ce cri de Tekeli-li est assez important, car c’est le même que Lovecraft utilise pour parler des Shoggoths qu’on trouve dans les Montagnées hallucinées, les Shoggoths sont des créatures créés par les Anciens, ces derniers ont aussi créé les humains dans la mythologie lovecraftienne, les Shoggoths étaient, à la base, des bêtes de somme des Anciens, très résistants, quasiment impossibles à tuer et d’une force et d’une rapidité démesurée, ils n’ont pas de forme puisqu’ils sont composés de bulles protoformes qui peuvent prendre n’importe quelle forme. Ils s’étaient rebellés contre les Anciens et ce sont les seuls habitants vivants des Montagnes Hallucinés et ils ont tendance à imiter leurs maitres qu’ils ont trahis, notamment ce mot de Tekeli-li. Dans la culture populaire, le mythe lovecraftien est utilisé à l’extrême dans la série Stargate Atlantis, la première scène du premier épisode de la première saison est clairement un signe vers la citée cyclopéenne de l’Antarctique avec les Anciens qui s’enfuient vers l’espace, battus par les Grands Anciens, Cthulhu et sa bande. Les réplicateurs sont inspirés de Shoggoths, des nanites qui sont capables de se transformer en n’importe quoi et qui veulent détruire les humains parce qu’ils sont jaloux que ces derniers soient préférés par les Anciens.

    Le navire est détruit, tous leurs compagnons, Arthur et Peters sont piégés. Ils sont à proximités de cette gorge depuis des jours et la faim et la soif refont leur apparition, Poe détaille de nouveau des scènes similaires à celles du navire en perdition avant d’être recueillis par le Jane Guy. Tous les issues sont bloquées, soit par un éboulement, soit par des précipices sans fin. Mais ils trouvent finalement l’entrée d’un gouffre étrange, tellement bien creusé que ce n’est pas naturel et de nouveau, il y a une résonnance à Lovecraft, car dans les Montagnes Hallucinées, on a aussi un tunnel qui débouche sur un immense gouffre qui abrite une seconde cité souterraine par rapport à celle en surface et elle semble être peuplée uniquement de Shoggoths. Poe décrit le gouffre comme un genre de labyrinthe avec des galeries et des renfoncements donnant sur d’autres parties, une zone assez complexe et l’écrivain nous donne même des croquis sur ce gouffre

    En prenant l’une des galeries, ils virent une autre pièce dont le schémas est le suivant :

    Ils débouchèrent ensuite sur un autre gouffre, bien plus profond qui ressemblait à :

    Dans cette zone, sur un coté du mur, Peters sembla distinguer des entailles comme un dessin d’un homme qui pointait vers quelque chose et le reste ressemblait à de l’écriture, mais Arthur considérait que c’était juste un effet d’optique, mais les entailles ressemblaient à :

    Dans une autre zone du troisième gouffre, ils découvrirent aussi d’autres pièces, comme des puits naturels en triangle dont le schémas ressemblait à :

    Ils retournèrent par là où ils étaient venus, ne voyant aucune sortie dans ce labyrinthe. Ils errèrent pendant quelques jours dans leur abri, mais ils se rendirent compte qu’ils devraient prendre la poudre d’escampette d’une façon ou d’une autre sinon la faim les tuerait. Peters décida qu’il était temps d’essayer de descendre par la gorge et le ravin qui leur bloquait le passage. La paroi était totalement escarpée, quasiment à la verticale. Les deux firent une corde avec des mouchoirs et par bonheur, ils trouvèrent aussi une corde à linge parmi les débris dans le ravin où tous leurs comagnons avaient péris. Ils descendirent prudemment, Peters en premier, mais Arthur glissa, se retrouva suspendu avec un bout de corde attaché à ses pieds, la tête en bas et il a fallu le réflexe de Peters pour le rattraper au vol. Je me rend compte en écrivant ce commentaire sur Arthur Gordon Pynn, qui devait être un simple résumé, mais qui se transforme en une véritable revue littéraire, que cette partie dans l’île avec l’accueil des sauvages, l’embuscade, le massacre, la survie, la découverte du gouffre est un écho à toute la première partie du livre avec la promesse d’horizons lointains, la cachette dans le navire, la mutinerie et la survie à bord du rafiot après la tempête. La maitrise de Poe dans sa structure narrative est délicieuse, car on trouve le même pattern, mais avec des embranchements totalement différents. Arrivés sur la place, ils tombèrent sur 5 sauvages qu’ils arrivèrent à tuer et en capturèrent un. Par miracle, ils virent deux canots, ils prirent l’un d’eux pour prendre le large, mais leur erreur a été de laisser l’autre canot, car dans leur premier combat, ils avaient dû utiliser leurs armes à feu et le bruit avait alerté toute l’île, donc comme ils étaient plus nombreux, ils les rattraperaient rapidement avec leur second canot. Ils décidèrent de retourner sur la plage pour neutraliser le second canot alors qu’ils voyaient les sauvages, arriver au loin, fou furieux et sanguinaires. Ils arrivèrent juste à temps près du second canot, un sauvage, ayant pris les devants, eut la cervelle carbonisée, mais ils ne purent mettre le second canot à la mer, Peters le détruisit et ils ont pris de nouveau le large. Mais quand ils avaient débarqué avant l’embuscade, il y avait quatre canots, donc il est clair que les autres prendraient les autres. Cependant, comme nos deux amis avaient de l’avance, les sauvages abandonnèrent leur poursuite au bout d’un certain temps.

    Impossible de retourner vers le nord, car étrangement, il faisait chaud à mesure qu’on allait vers le sud, donc plutôt que d’être pris par les glaces, il fallait continuer. Leur canot était une embarcation frêle et quand on sait aujourd’hui, qu’il faut des brise-glaces nucléaires pour s’aventurer dans cette zone, il ne ferait pas le poids. Mais on est dans le sud imaginaire d’Edgar Allan Poe, ils décidèrent de renforcer leur canot comme ils pouvaient, mais ils sentirent que l’eau était de plus en plus chaude. Et ensuite, sur l’horizon, ils virent une vapeur grise qui s’élevait dans le ciel, la couleur de l’eau était également différente, devenue blanc laiteux. De temps en temps, ils voyaient des agitations dans l’eau qui semblaient provoquer quelque chose dans la vapeur au loin, cette dernière du gris passait maintenant au blanc. En plus, ils étaient sous une pluie de cendre et les deux tombaient dans une apathie étrange comme s’ils n’avaient plus aucune volonté. Le sauvage qu’ils avaient capturés, était toujours avec eux, mais il était recroquevillé au fond du canot et ne bougeait plus de peur. A un moment, ils virent que ses dents étaient noires parce que ses sauvages avaient des lèvres tellement épaisses qu’on ne voyait rien à l’intérieur de leur bouche. Quelque jours plus tard, alors que la pluie cendrée devenait plus dense, ils aperçurent d’autres animaux, semblables à celui qu’ils avaient recueilli dans leur navire et qui avait provoqué un tel choc parmi les sauvages. La visibilité était désormais nulle et tout semblait plongé dans un brouillard blanc, ils entendaient des gros oiseaux, pousser le même cri de Tekeli-li et quand ils poussèrent le sauvage, ils virent qu’il était mort, sans doute de peur. La vapeur et la pluie formait une cataracte aussi dense qu’un mur blanc, mais une ouverture apparut et dans cette ouverture, on termine cette aventure par les mots de Poe :

    Mais voilà qu’en travers de notre route se dressa une figure humaine voilée, de proportions beaucoup plus vastes que celles d’aucun habitant de la terre. Et la couleur de la peau de l’homme était la blancheur parfaite de la neige.

    L’aventure se termine de manière abrupte, Poe dit simplement que Gordon Pynn et Peters ont pu retourner vers la civilisation, mais qu’Arthur est mort récemment sans avoir fini son récit. Peters habiterait dans l’Illinois, mais il refuse de parler. Avec ce compte-rendu, certains spécialistes se sont penchés sur ce récit dont la partie importante est les gouffres qu’ils ont découvert sur l’île des sauvages, qui s’appelle Tsalal selon le sauvage capturé, leur forme bizarre et l’inscription que Peter a considéré que c’était de l’écriture. Selon ces spécialistes, si on met bout à bout ces formes du labyrinthe, cela donne un truc du genre :

    Selon Poe, c’est un mot-racine éthiopien qui signifie être ténébreux ou quelque chose qui est lié à la noirceur. Ensuite, l’inscription vue par Peters en est bien une et les spécialistes en écriture ancienne, disent que c’est un mot en deux parties, la première est de l’arabe :

    qui signifie être blanc ou quelque chose associé à de la blancheur et la seconde qui est des hiéroglyphes égyptiens :

    signifie la région du Sud. Le début de l’inscription, selon Peters, était un homme qui pointait du doigt et donc, l’ensemble nous dirait qu’on verrait des êtres blancs, mais maléfiques dans la région du Sud. Le cri Tekeli-li semble avoir une signification particulière, mais impossible de mettre la main dessus, et c’est normal , car c’est Lovecraft, quasiment un siècle plus tard, qui nous donnera la signification de ce nom. A la fin du livre, on trouve cette phrase en italique :

    J’ai gravé cela dans la montagne, et ma vengeance est écrite dans la poussière du rocher.

    En anglais dans l’édition originale du livre, ça donne : I have graven it within the hills, and my vengeance upon the dust within the rock.

    Cette dernière phrase a donné lieu à énormément de spéculations et d’interprétations et comme je l’ai souligné, une grande partie d’Arthur Gordon Pynn est autobiographique, la description agonisante de la soif et de la faim, son combat perdue d’avance contre l’alcool, mais pour les analystes, ce qui se passe sur cette île Tsalal avec ses gouffres, ses ravins, le sentiment d’être piégé, d’être enterré vivant et ensuite, cette cataracte blanche qui semble pointer vers la cécité du lecteur à ne pas comprendre l’histoire ou encore au syndrome de la page blanche. Cette vengeance est celle de Poe qui nous laisse ce message, nous disant qu’il n’a jamais été compris et qu’il ne sera jamais compris par ses lecteurs et qu’on tentera de résoudre l’énigme de ce mystérieux écrivains comme ces mystérieuses écritures dans ces maudites cavernes.

    Arthur Gordon Pynn est un monument, un véritable joyau dans la structure, l’interprétation cachée, le double sens ou encore les références philosophiques laissés par le maitre. Ce n’est pas étonnant que Lovecraft ait été tellement époustouflé par cet écrit qu’une partie des Montagnes Hallucinées, qui est considéré quand même son oeuvre majeure (ce n’est pas mon avis), fasse constamment référence au Pynn de Poe.

    Houssen Moshinaly

    Pour contacter personnellement le taulier :

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