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Le royaume de mes compères fidèles

Mon royaume est rempli de vieux compères
Fidèles et tenaces
Ils me suivent partout
Même quand je les fuis
Il est difficile de vous les présenter
Ils sont fugaces, fuyants et omniprésents

Le premier s’appelle schizophrénie
Ayant le don d’ubiquité
Des voix pêle-mêles
Et des visages effarés, souriants, languissants, amoureux
Plein de compagnons pour ce compère
Pleins de vie et de mort
Il est toujours là
Même quand je voyage dans le royaume de Morphée
M’accompagnant dans les horizons lointains

Le second compère se prénomme paranoia
Très inquiet pour ma sécurité
Tellement angoissé qu’il mange mon bien-être
Fais gaffe à ceci, attention à cela
Me répète-t-il constamment dans les oreilles
Celui-ci médit ta colonne vertébrale
Celui-ci est ton ennemi
Pas d’amis, pas d’ennemis
Que des soupçons
Ce compère m’aide à rester éveillé
Par les nuits de pleine et de vide lune
Comme un macaque jacassant sans cesse
Mais il me tient chaud
Par son affection maléfique

La troisième compère est la turpitude
De penser à des courbes
D’imaginer du lait blanc
D’avoir des cheveux dans tous les sens
Sa chaleur est poisseuse
Ses pensées deviennent repoussantes
Bien faite, mal faite
Cette compère dévore ma solitude
En m’emmenant dans les sables chauds
De la concupiscence et de la chaleur humide

Le quatrième compère est la démence
Un peu agité, mais capable des pires fulgurances
Difficile de le cerner, difficile de l’encadrer
Des sauts de fureur et une apathie sans frontière
Semble l’animer du matin ou soir
Je l’ai déjà vu, me regarder du coin
Donnant des coudes au premier compère
Riant et cajolant derrière moi et au dessus de moi

Ces compères m’accompagnent depuis des ères
Commencé quand j’étais un jeune bourgeon
Muri par les vissicitudes de la vallée de la mort
Abreuvé par la vallée des larmes
Ils sont de plus en plus criards
Agissant, des soubresauts épidermiques
Qui menacent de crever la surface à chaque instant
Comme s’en sortir de ces vieux compagnons ?
Si chaleureux, si rassurants et si destructeurs

Ne t’inquiète pas, me dit une voix
Je vais bientôt venir
Dans ton royaume désenchanté
Je les ferais fuir
Et je t’apporterais un plateau d’apaisement
Un nouveau compère, me suis-je dit
Mais son apparence était différente
Ni evanescente, ni brumeuse
Anguleuse dont la présence éclatait l’horizon
Une cape noire, couvrant tout le corps
Le visage n’avait aucune couleur
Il semblait boiter
Prenant appui sur une grande faux
Je le vois déjà à l’horizon
Il sera bientôt avec moi
Et nous partirons ensemble
De ce royaume de mes compères fidèles

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