L’angoisse de la pauvreté
Chercher les moindres piécettes dans la maison, saliver devant les victuailles dans les vitrines. Passer rapidement devant les boutiques et s’enfoncer dans la noirceur de son esprit, qu’on n’a plus un rond, plus d’avenir et que demain est un jour de en plus en plus lointain. Le ventre affamé, régime forcé, regard méprisant du prochain qui pense que t’es une vraie merde parce que tu ne trouve pas un travail d’esclave juste pour manger à ta faim.
L’absence de la pauvreté en ligne, le cache-cache de la misère derrière des stats grandiloquants, des sourires de glace, des images figées dans la réussite du soleil capitaliste. De la torpeur écoeurante, comme de la mélasse qui recouvre son corps de faux semblant et qu’on ne veut pas enlever, de peur que la vérité nue apparaisse aux yeux des bienpensants. Le jugement étant plus tranchant que la famine, la soif, des vertus dans une société de consommation névrosée, prostituée à l’extrême et où la moindre faiblesse est condamnée par la mort sociale et du regard.
L’angoisse de vivre constamment dans des baraques vermoulues par la vermine, l’angoisse de vivre à coté d’autoroutes qui tremblent, provoquant des crises cardiaques chez ceux qui sont assomés par les paradis chimiques achetés au dealer du coin. Cocktail de para pour oublier la douleur physique, les courbatures de l’esclavage et les eaux saumatres de la précarité, devenue vie quotidienne. Ne jamais s’en sortir, quoi qu’il arrive, ne jamais s’en sortir.