La France intolérante à l’Etranger

Toujours dans le livre de Drumont, ce qui est frappant est qu’à chaque page, à chaque ligne, on trouve des fulgurances géniales. C’est un livre que je recommande à ceux qui veulent savoir comment pensait et écrivait les penseurs de l’ancienne France, qui n’avaient pas une, mais plusieurs bibliothèques dans leurs têtes, pétris de culture et du poids des siècles de l’histoire de leur pays. Drumont parle d’intolérance concernant l’expulsion des juifs à perpétuité en 1394 sous Philippe le Bel. Mais il a ce passage génial :

Cette date de 1394 est une des dates les plus importantes de notre histoire. Les rois ont tour à tour essayé de la sévérité et de la douceur ; il est désormais prouvé que le Juif ne peut s’acclimater en France. Les races les plus diverses, Celtes, Gaulois, Gallo-Romains, Germains, Francs, Normands, se sont fondues dans cet ensemble harmonieux qui est la nation française, ils ont assoupli leurs angles, ils ont apporté leurs qualités, ils ont toléré naturellement leurs défauts. Seul le Juif n’a pu entrer dans cet amalgame. La
France lui dit : « Mon ami, nous ne pouvons nous entendre, séparons-nous et bonne chance ! »

Il y a là intolérance sans doute, mais non pas intolérance dans le sens religieux du mot, puisque les plus redoutables adversaires du Juif ont été des princes comme Philippe le Bel, plus politique assurément que mystique ; il y a intolérance dans le sens que la science prête à ce terme lorsqu’elle dit : “Le sujet ne peut tolérer telle substance.” La France ne peut tolérer le Juif, elle le rend ; elle ne le recevra que bien longtemps après enveloppé dans toute une littérature philosophico-humanitaire et en sera très malade si elle n’en meurt pas.

Quand on voit la réaction de la population française à l’immigration de masse, pour détruire les salaires et satisfaire le patronat français, héritier du lobby colonial, alors cette intolérance est plus que jamais d’actualité. Drumont a dédié l’oeuvre de sa vie dans ce livre pour combattre les juifs en France qu’il considérait comme des Etrangers, des Etrangers avec E majuscule, du point de vue collectif à la manière de Maurras et non, un racisme de peau bête et méchant.

Et c’est normal, dans l’immigration de masse, la théorie libérale considère les humains comme déracinés par nature, car leur système est des élites et leur bétail. Une vache en Afrique est aussi une vache en France. Cette intolérance médicale, on peut l’appliquer à n’importe quel pays. On essait de greffer, on essait de forcer la pénétration, mais le corps le rejette toujours, le système immunitaire humain est le plus xénophobe qu’on connaisse, la moindre substance étrangère, il le dégomme avec toute la force dont il est capable, quitte à emmener le corps qu’il protège dans la mort.

Et les nations réflètent ce système immunitaire en leur sein, il est plus profond, mais le sentiment est toujours là. Ce n’est pas présent chez les nations récentes qui n’ont pas encore eu le temps de développer cette immunité, mais à partir du moment où vous avez des frontières, une langue commune, une vision commune, l’intolérance aux autres apparaitra.