Marc Aurèle : Tout ce que je suis, c’est une chair, avec un souffle et un principe directeur

Tout ce que je suis, c’est une chair, avec un souffle et un principe directeur. Renonce aux livres ; ne te laisse pas absorber : ce ne t’est point permis . Mais, comme un homme déjà en passe de mourir, méprise la chair : sang et poussière, petits os, tissu léger de nerfs et entrelacement de veines et d’artères . Examine aussi ce qu’est le souffle : du vent qui n’est pas toujours le même car à tout moment tu le rends pour en avaler d’autre. Il te reste, en troisième lieu, le principe directeur . Pense à ceci : tu es vieux ; ne permets plus qu’il soit esclave, qu’il soit encore comme tiré par les fils d’une égoïste impulsion, ni qu’il s’aigrisse contre son sort actuel, ou bien qu’il appréhende celui qui doit Venir .

Le fait d’être conscient de soi-même et d’être prêt pour une mort inévitable, inéluctable et naturelle, fait partie de la philosophie essentielle de Marc Aurèle. Chaque jour, tu dois être comme sur le point de mourir. Mais la phrase : Renonce aux livres est vraiment élégante. J’ai vu des gens, passer leur vie dans des livres, à discourir sur la philosophie, donnant des leçons à tout va, mais qui n’en pratique pas une seule. Aurèle nous incite à une sorte de hâte tout en étant pleinement conscient du moment présent.

Le principe directeur, cela peut être le Tout, la Nature, Dieu, le Hasard, Marc Aurèle utilise un tout supérieur comme une sorte d’abstraction de la divinité, le dieu de Spinoza. Ne permet plus qu’il soit esclave fait référence au principe directeur, aux choses qui guident ta vie, mais aussi ton corps. On ne doit pas se lamenter sur ce qui nous arrive aujourd’hui, ni même tenter de prédire le futur, dans chaque moindre détail, car chacune de ces prédictions, tu ne sera plus qu’un cadavre. Si tu imagine 100 futurs possibles, n’oublie pas que tu es mort dans 99 d’entre eux. Le mépris du corps et de ses biens, est systématique chez Marc Aurèle.