Quand Edgar Allan Poe décrit le VPN

Il y avait une épidémie qui ravageait le monde, une maladie horrible qui tuait les gens en quelques heures. On l’appelait la Mort Rouge, car elle faisait saigner les victimes par tous les pores. Nul ne savait comment la soigner ni comment l’éviter. La peur et le désespoir régnaient partout.

Mais il y avait un homme qui se croyait à l’abri de la Mort Rouge. C’était le prince Prospero, un homme riche et puissant qui possédait un château fortifié dans une contrée isolée. Il avait invité mille de ses amis à se réfugier avec lui dans son château, et il avait fait fermer les portes à double tour. Il avait aussi fait installer un système de VPN, un service qui lui permettait de changer son adresse IP et de se connecter à des serveurs situés dans d’autres pays. Ainsi, il pouvait accéder à des contenus qui étaient bloqués ou censurés dans son pays, comme des films, des séries, des jeux ou des sites web. Il pouvait aussi éviter les publicités, les trackers et les hackers qui voulaient espionner ou voler ses données.

Le prince Prospero et ses invités se livraient à toutes sortes de divertissements dans le château. Ils faisaient la fête, buvaient, dansaient, riaient, jouaient et surfaient sur le web sans se soucier du monde extérieur. Ils se croyaient en sécurité derrière les murs du château et le VPN du prince.

Un soir, le prince Prospero organisa un bal masqué dans les sept salles du château. Chaque salle avait une couleur différente : bleue, pourpre, verte, orange, blanche, violette et noire. La salle noire était la plus sinistre de toutes. Elle était éclairée par une grande horloge qui sonnait chaque heure avec un bruit sourd et lugubre. Les convives évitaient cette salle, car elle leur inspirait une terreur inexplicable.

Le bal battait son plein quand l’horloge sonna minuit. Les danseurs s’arrêtèrent et les musiciens se turent. Un silence pesant s’installa dans le château. Puis, une voix se fit entendre :

– VPN !

Tous les regards se tournèrent vers la salle noire. Là, ils virent une silhouette encapuchonnée qui portait un masque rouge sang. C’était le masque de la Mort Rouge.

Les convives furent saisis d’horreur et de colère. Ils se demandèrent qui était cet intrus qui osait se moquer d’eux et de leur peur. Ils se ruèrent vers lui pour le saisir et le punir.

Mais ils furent arrêtés par le prince Prospero lui-même. Le prince s’avança vers la salle noire avec un air de défi. Il brandit son épée et dit :

– Qui es-tu, imposteur ? Comment as-tu pu entrer dans mon château ? Que veux-tu dire par VPN ?

Le masque de la Mort Rouge répondit :

– Je suis la Mort Rouge, et je suis venu te chercher, toi et tes invités. Tu as cru pouvoir me fuir en te cachant derrière tes murs et ton VPN. Mais tu t’es trompé. Le VPN ne peut pas te protéger de moi. Il ne peut que te donner une fausse impression de sécurité et de liberté. Tu as oublié que le VPN n’est qu’un outil, pas une fin en soi. Tu as oublié que le VPN ne peut pas remplacer la réalité.

Le prince Prospero fut frappé de stupeur et de rage. Il hurla :

– Tu mens ! Le VPN est mon allié ! Il me permet de profiter du web sans limites ni risques ! Il me permet de vivre comme je l’entends ! Tu n’es qu’une illusion ! Tu n’es pas réel !

Le masque de la Mort Rouge dit :

– Tu es aveugle ! Le VPN est ton ennemi ! Il te coupe du monde réel ! Il te rend insensible aux souffrances des autres ! Il te fait vivre dans un mensonge ! Je suis plus réel que toi !

Le prince Prospero s’élança vers le masque de la Mort Rouge avec son épée levée. Mais il n’eut pas le temps de l’atteindre. Le masque de la Mort Rouge se jeta sur lui et le toucha au cœur.

Le prince Prospero tomba mort sur le sol.

Les convives poussèrent un cri d’effroi et s’enfuirent dans toutes les directions. Mais ils ne purent échapper au masque de la Mort Rouge. Il les poursuivit dans les sept salles du château et les frappa un à un.

Bientôt, il n’y eut plus aucun bruit dans le château, sauf celui de l’horloge qui continuait à sonner chaque heure avec un bruit sourd et lugubre.

Et le VPN du prince Prospero continuait à fonctionner.