Des scientifiques affirment avoir intriqué un tardigrade quantique

Une équipe internationale de chercheurs prétend avoir réalisé avec succès la toute première expérience d’« intrication quantique » d’un organisme multicellulaire.
L’équipe, dont les recherches ont été récemment publiées dans un papier pré-imprimé, dit avoir réussi à placer un tardigrade – une petite créature affectueusement appelée « ours d’eau » – dans un état d’intrication quantique entre une paire de qubits supraconducteurs.
En d’autres termes : les chercheurs ont réussi à mettre un tardigrade dans un état où il était directement connecté aux qubits de telle sorte que tout ce qui arrive à l’ours d’eau ou aux qubits affecte simultanément les trois.
C’est une propriété fondamentale de l’informatique quantique. Mais ce type de fonction quantique ne se produit généralement qu’avec des objets de la taille d’une particule. Les chercheurs ont déjà mis des organismes unicellulaires dans un état d’intrication quantique, mais ce serait la première fois que des scientifiques le feraient avec un organisme biologique complexe.
Eurêka ?
Il y a, cependant, un certain débat quant à l’importance des efforts de l’équipe. Selon l’article des chercheurs :
Nous observons un couplage entre l’animal en cryptobiose et un bit quantique supraconducteur et préparons un état fortement intriqué entre ce système combiné et un autre qubit. Le tardigrade lui-même est intriqué avec les sous-systèmes restants. On observe ensuite que l’animal retrouve sa forme active après 420 heures à des températures inférieures à 10 mK et à une pression de 6 × 10−6 mbar, établissant un nouveau record pour les conditions dans lesquelles une forme de vie complexe peut survivre.
Il y a beaucoup de choses à déballer là-bas, mais avant tout : d’autres physiciens critiquent ce travail dès le début en raison de ce qui semble être une définition vague de « l’intrication ».
Comme repéré par Brandon Specktor de Live Science, le buzz sur les réseaux sociaux semble totalement sceptique :
Le qubit est un circuit électrique et mettre le tardigrade à côté l’affecte à travers les lois de l’électromagnétisme que nous connaissons depuis plus de 150 ans. Mettre un grain de poussière à côté du qubit aurait un effet similaire.
11/n
– Ben Brubaker (@benbenbrubaker) 18 décembre 2021
Mais, comme le souligne également Specktor, tout cela est susceptible d’être réglé lors d’un examen par les pairs. Pour l’instant, parlons de l’expérience elle-même.
Le cauchemar avant Noël
Les tardigrades sont parmi les créatures les plus résistantes que nous connaissions. Ils peuvent entrer dans un état d’animation suspendue où ils n’ont aucune fonction biologique observable afin de survivre dans des environnements extrêmement hostiles.
C’est pour cette raison que les scientifiques ont choisi de tenter de les intégrer avec des bits quantiques dans un circuit. L’idée est assez basique. Vous congelez les tardigrades au point qu’ils sont proches du zéro absolu, puis vous pouvez les mettre dans un état d’enchevêtrement comme n’importe quelle autre particule super-froide.
Cependant, comme les tardigrades sont des êtres vivants, l’histoire est un peu plus viscérale que votre type d’expérience standard « nous avons enchevêtré plusieurs photons ».
Selon le document de l’équipe, ces tardigrades particuliers ont été “collectés en février 2018 dans une gouttière de Niva, au Danemark”.
Donc, pour résumer, un groupe d’humains en blouse blanche a kidnappé un groupe de mignons petits ours d’eau, qui vivaient déjà dans un caniveau, puis les a exposés aux températures les plus froides qu’un tardigrade ait jamais connues avant de les forcer à trois- intrication avec des qubits supraconducteurs.
L’équipe a réussi à faire revivre l’un des tardigrades qui ont été impliqués avec succès dans ce qu’ils appellent l’enchevêtrement. Mais, comme pour les autres, les chercheurs ont écrit « nous tenons à souligner qu’il est très important pour le réveil de l’animal de modifier doucement la température et la pression extérieures ».
Repose en puissance petits ours de la science, nous ne t’oublierons jamais.
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