L’homme au plus long pet au monde


  • Français


  • 8 minutes et de 10 secondes ! Il était fier de son record. Théodore avait travaillé dur pour en arriver là. De la flatulence refrénée, le contrôle du vent au millimètre, une recette mitonnée pendant des années, afin de remplir le ventre de gaz à en crever et ensuite, le laisser s’échapper par un petit filet mignon et sifflant. Les mecs du Guiness étaient là, se demandant dans quel monde vivaient-ils pour devoir enregistrer des prouesses pareilles. En même temps, 10 000 dollars pour enregistrer un record, c’est quand même un sacré business model. Les gens sont médiocres, cons et bêtes et méchants, les prouesses athlétiques d’autrefois ne sont que des ersatz de divertissements, pour attirer plus d’attention, pour l’interaction dans un monde qui nie le sanglant du réel et qui pourlèche un virtuel rose fait de femelles siliconées et de mâles flasques et flamboyant de cupidité et de lâcheté.

    Théodore avait eu ces 10 000 dollars en s’associant avec une entreprise de Big Poison, un médicament pour faire évacuer le gaz. Elle avait envoyé une petite commerciale, jolie, mignonne, baisable sur la photocopieuse, le même moule de petite attachée commerciale qui semble sortir de la même usine de pense-bêtes. Sa frimousse était aussi sérieuse que lorsqu’elle chiait le matin, accordant de l’attention à sa propreté intérieure ou extérieure, pour ne jamais faire voir le craquèlement de la carapace qui révélerait la chair putréfiée et sanguinolente de toute une génération dégénérée au plus haut de degré.

    La recette, Théodore, l’avait préparé depuis des années, pour avoir suffisamment de gaz pendant 8 minutes et de 10 secondes. Un cassoulet préparé exclusivement avec du porc d’Espagne dont le gras est légendaire, rissolé et cuit avec de la graisse de boeuf, mais pour que cela ne devienne pas un bloc de pus dans l’estomac, ajouter de l’estragon et des graines de café, digestif naturel. Ensuite, de la choucroute bien fondante et dégoulinante, venant directement de Francfort. Les Schleus avaient une sale manie de préparer ce qu’il faut pour gazer tout le monde. Et pour terminer, des grosses crêpes bien épaisses, enroulées autour de crème fraiche sucrée et le tout mangé arithmétiquement afin que chaque bouchée arrive pile poil sans provoquer d’embouteillage.

    C’est le frein du pet qui lui avait posé le plus de problème. Consommer du para deux fois par semaine, avait niqué son foie et il avait dû mal à résister quelques précieuses flatulentes, mais c’était autant de munitions en moins pour la grande pétarade mondiale. Et une fois qu’il avait terminé son repas, il s’étaient échauffé, contractant et relâchant ses sphincters, il avait fait signe aux membres du Guiness qui avaient lancé le chrono et il avait pété, 15 ans de préparation pour ce moment de vent ininterrompu, dans le silence de cette salle, experts, curieux et assoiffés d’indignités et de bêtises. A partir de la 6e minute, il savait qu’il avait gagné, le précédent record était de 5 minutes et 48 secondes.

    Théodore était content, sa gloire serait éternellement éphémère, il avait réussi quelque chose de sa vie. Pas de femelle à l’horizon, pas de famille, tous morts ou en cavale dans leurs vies de prisonnier, Théodore était seul, face aux caméras et à la gourmandise du monde pour la bêtise.

    Houssen Moshinaly

    Pour contacter personnellement le taulier :

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

    Copy code