Le poker en ligne par Lovecraft…

Je n’aurais jamais dû m’inscrire à ce site de poker en ligne. Je n’aurais jamais dû céder à la tentation de jouer avec des inconnus, attiré par la promesse de gains faciles et rapides. Je n’aurais jamais dû entrer dans ce cercle infernal, où les cartes sont plus que de simples symboles, où les enjeux sont plus que de l’argent, où les adversaires sont plus que des humains.

Je me souviens encore du jour où j’ai reçu un e-mail mystérieux, qui m’invitait à rejoindre un club privé de poker en ligne, réservé aux amateurs de sensations fortes. Le message était signé par un certain Abdul Alhazred, qui se présentait comme le fondateur et le maître du jeu. Il me disait que j’avais été choisi parmi des milliers de candidats, pour participer à une expérience unique et inoubliable. Il me disait que je devais simplement cliquer sur un lien, et entrer un mot de passe : Necronomicon.

J’étais intrigué, mais aussi méfiant. Je me demandais si ce n’était pas une arnaque, ou un piège. Mais ma curiosité l’emporta sur ma raison. Je cliquai sur le lien, et je tapai le mot de passe. Je fus aussitôt redirigé vers un site web, au design sombre et élégant. Le nom du site était : Le Poker des Ténèbres.

Je découvris alors les règles du jeu, qui étaient simples, mais terrifiantes. Il s’agissait d’un poker Texas Hold’em, où chaque joueur devait miser une partie de son âme, en plus de son argent. Le gagnant de chaque main remportait l’âme et l’argent des perdants, et augmentait ainsi sa puissance et sa richesse. Le perdant, en revanche, voyait son âme diminuer, et son corps se flétrir. Le jeu se terminait quand il ne restait plus qu’un seul joueur, qui devenait le maître absolu du Poker des Ténèbres, et qui pouvait accéder à des secrets inimaginables.

Je fus saisi d’horreur, mais aussi de fascination. Je me demandais si ce n’était pas une plaisanterie, ou un délire. Mais mon envie de jouer l’emporta sur ma peur. Je m’inscrivis sur le site, et je choisis un pseudonyme : Randolph Carter. Je fis ensuite un dépôt de 100 euros, et je me connectai à une table, où quatre autres joueurs m’attendaient. Leurs pseudonymes étaient : Nyarlathotep, Cthulhu, Yog-Sothoth, et Azathoth.

Je compris alors que j’étais en train de jouer avec des entités cosmiques. Je me demandais si c’était un hommage, ou une provocation. Mais mon désir de gagner l’emporta sur ma raison. Je pris place à la table, et je reçus mes deux cartes. Le jeu commença.

Je ne vais pas vous raconter en détail les péripéties de cette partie infernale, qui dura des heures, et qui me fit vivre des émotions intenses, entre l’espoir et la terreur, entre l’extase et l’agonie. Je vais simplement vous dire que je perdis tout : mon argent, mon âme, et ma santé. Je fus éliminé un par un par mes adversaires impitoyables, qui se moquaient de moi, et qui me révélaient des vérités effroyables sur l’univers et sur moi-même. Je fus réduit à l’état de loque humaine, sans volonté, sans espoir, sans avenir.

Je suis maintenant enfermé dans un asile, où je vous écris ces lignes, avec la dernière parcelle de lucidité qui me reste. Je vous supplie de ne pas faire la même erreur que moi. Ne jouez jamais au Poker des Ténèbres. Ne cliquez jamais sur ce lien maudit. Ne tapez jamais ce mot de passe infernal. Ne vous laissez jamais tenter par le jeu du diable. Car vous n’en sortirez pas indemne. Car vous n’en sortirez pas vivant. Car vous n’en sortirez pas.